Dossier complémentaire à Luxendarc Shoukikou

Ⅰ) Introduction

Bravely Default est un RPG japonais développé par Silicon Studio, édité par Square Enix (Nintendo pour la sortie européenne et américaine) et sorti le 11 octobre 2012 au Japon et le 6 décembre 2013 en Europe. C’est Revo qui en a composé la bande originale et c’est à ce moment qu’il a décidé de fonder le groupe Linked Horizon, pour tous ses travaux liés à une autre œuvre. Ainsi, Luxendarc Shoukikou sort le 22 août 2012 (avant le jeu) en 3 éditions :

• l’édition régulière, contenant 4 chansons (Yatsu no Na wa... [Vocalized Version], Raihousha [Long Version], Kaze ga Fuita Hi [Piano Solo Version] et Hikari e Mukau Ballad [Long Version])

• l’édition limitée, contenant aussi 4 chansons (Yatsu no Na wa... [Vocalized Version], Tatakai no Hate ni [Long Version], Kaze ga Fuita Hi [Piano Solo Version] et Hikari e Mukau Ballad [Long Version]) et accompagnée du MV de Yatsu no Na wa… [Vocalized Version]

• l’édition Bravely Default, contenant 3 chansons (Hikari e Mukau Ballad [Long Version], Yatsu no Na wa… [Vocalized Version] et Kaze ga Fuita Hi [Piano Solo Version])

Seules deux chansons sont chantées : Yatsu no Na wa… [Vocalized Version] et Hikari e Mukau Ballad [Long Version]. Seuls Revo et Joelle chantent aussi, comme dans la bande originale. Joelle avait déjà participé au single Ido e Itaru Mori e Itaru Ido et à l’album Märchen de Sound Horizon.

Pour les musiciens, on retrouve de nombreux noms déjà connus grâce à Sound Horizon : Takeshi Nishiyama, Jake et YUKI pour les guitares, Atsushi Hasegawa à la basse, JUN-JI et Ken☆Ken pour les batteries, etc… avec en prime le guitariste Marty Friedman (du groupe de métal Megadeth), qui avait déjà travaillé avec Revo.

Attention, dans l’analyse des chansons, je vais spoiler certains des derniers événements du jeu, je préviendrai quand ça sera le moment, mais faites attention, si vous n’avez pas encore joué au jeu.

Le titre du single signifie “Le petit carnet du voyage à travers Luxendarc”.

Ⅱ) Les chansons

1. Yatsu no Na wa... [Vocalized Version]

À l’origine, il s’agit du thème des Astérisques, une association barrant la route du joueur à plusieurs reprises dans le jeu. 

La musique commence par quelques secondes d’ambiance, reprises au tout début du concert, avant de partir sur des guitares endiablées. 

Comme souvent chez Revo, on a des couplets et ponts en parallélisme (on y reviendra d’ailleurs aussi pour Hikari e Mukau Ballad [Long Version]). 

Les paroles peuvent, à certains moments, faire penser à Édéa, une ancienne membre de l’armée éternienne avant de rejoindre nos héros pour réussir leur quête. 

Juste avant le refrain, l’habitude d’abandonner est un renvoi direct à Kibou e Mukau Tanshikyoku, la même idée est présente dans les deux chansons.

Les paroles du refrain nous interrogent sur les véritables sens des mots “courage” et “force”, avant de partir sur des solos de guitares et de violons.

On quitte enfin la partie OST, on a ici affaire à un moment très sombre qui pourrait très bien être ce que se disent les personnages lorsqu’ils combattent face à des ennemis très forts, c’est même très défaitiste sur la fin, avant de revenir au refrain.

Les “cœurs si faibles” font probablement référence au fait que les protagonistes sont des adolescents qui doivent faire face à des adultes et des monstres mythiques pour sauver le monde, ce qui peut en effet être absurde.

Enfin, la flamme et la lumière sont des métaphores de la vie récurrentes chez Revo, ça peut ici très bien faire référence au frère que Tiz a perdu, ou bien à Olivia, la vestale de l’eau qui meurt sous les yeux d’Agnès.

2. Raihousha [Long Version] & Tatakai no Hate ni [Long Version]

Ici, on a deux pistes instrumentales.

Raihousha est à la base la musique jouée lorsque les Astérisques apparaissent, généralement avant un combat. On a une ambiance jazz avec pas mal de voix, rappelant un bar et donc la séquence de Ringabel dans l’introduction du jeu. Ce qui n’est pas un hasard puisqu’on apprend vers la fin du jeu qu’Alternis Dim n’est autre que Ringabel lui-même, du moins, c’est une supposition.

Tatakai no Hate ni est, quant à elle, le thème des boss, mais contrairement à Yatsu no Na wa, il s’agit des monstres : les émissaires de l’apocalypses à vaincre avant de libérer les cristaux, le dragon au fond de la grotte, le golem de glace avant d’entrer à Éternia, etc… La musique est, de fait, très dynamique. On y retrouve les grands Marty Friedman et Motoi Sakuraba, respectivement à la guitare et au piano. La piste ne possède pas beaucoup de bruitages, sauf certains rugissements, rappelant le dragon où la musique est utilisée pour la première fois dans le jeu, et des bruits d’épées, pour rappeler qu’il s’agit d’un combat.

3. Kaze ga Fuita Hi [Piano Solo Version]

Une courte et très belle piste, seule à ne pas être arrangée par Revo, mais par Akira Senju, qui joue aussi au piano aussi. 

Il s’agit, à l'origine, du thème joué lors du discours d’Agnès à Ancheim.

4. Hikari e Mukau Ballad [Long Version]

Ici, l’ajout par rapport à la version originale se fait dans l’intro, qui a été rajoutée. On a ensuite une longue partie très nostalgique accompagnée du chant de Joelle. Les paroles évoquent le passé, la belle vie avant les événements du jeu, avant l’apparition du gouffre de Caldisla et la propagation des ténèbres en Luxendarc. Les paroles évoquent ensuite l’envie de retrouver ce passé et ce bonheur. 

En ce qui concerne le vers “Nous avons fait face à tellement d’épreuves que nous devions faire une pause”, j’y vois personnellement une façon de prévenir les joueurs de ne pas jouer pendant trop longtemps, ce passage donne légèrement le sourire, comme pour mieux faire passer les choses et oublier que la mission est difficile. 

Ces couplets sont en parallélisme direct, c’est très récurrent chez Revo. On retrouve ça aussi dans les openings de l’Attaque des Titans et dans énormément d’autres chansons : la structure reste la même mais les mots sont différents. 

Les cordes s’accélèrent, la tension, le refrain et Revo arrivent. On commence directement avec une antithèse entre les ténèbres et la lumière, rappelant Märchen mais aussi le jeu qui se déroule dans la région de Luxendarc. Les paroles sont vraiment belles, chacun pense la même chose que l’autre, chacun est l’espoir de l’autre et le fait de chanter les deux premières parties en solo renforcent le dernier tiers, le rend encore plus significatif, idée toujours renforcée par le “parce que tu étais là”.

On a ensuite des magnifiques solos de piano et de violon, renforçant la nostalgie avant de reprendre avec un refrain uniquement chanté par Joelle, dans un premier temps. On en revient à ce que je disais tout à l’heure, les paroles sont en parallélisme avec le premier refrain. Le fait que Revo reprend son chant au vers “j’en ai conclu que nous nous sommes rencontrés pour ne pas nous séparer” est très intelligent, puisqu’à ce moment de la chanson, Revo et Joelle se retrouvent, accompagnés par des paroles sublimes.

Et maintenant, la fin de la partie nostalgique avec une transition vers un avenir radieux : on reste encore dans le passé dans un premier temps mais on arrive petit à petit au présent. La chanson est construite de manière chronologique avec une forte importance du passé. Le passage au présent se fait précisément au vers “N’aie pas peur de la douleur de connaître le monde même si tu te retrouves blessé·e ou trahi·e”, avant des solos largement plus longs dans le concert. 

La toute dernière partie fait référence à la fin du jeu, donc si vous n’y avez pas encore joué, ça va spoiler. 

La lumière ici peut représenter le pilier de lumière qui apparaît après libéré les quatre cristaux. On peut imaginer que cette chanson est chantée par Tiz et Agnès au moment où ils se dirigent vers ce pilier, symbole de l’avenir radieux qu’ils veulent réaliser.

Ⅲ) Conclusion

Luxendarc Shoukikou, en tant que premier CD de Linked Horizon, pose les bases de ce que sera ce groupe : Revo qui compose pour d’autres œuvres. Cependant, on ne perd pas la “touche Revo”. On a toujours des musiques assez longues, composées de plusieurs chapitres, n’hésitant pas à faire des références à Sound Horizon (ce n’est pas encore trop marqué pour ce CD, mais ça le sera déjà un peu plus avec Luxendarc Daikikou, et encore plus pour toutes les œuvres liées à l’Attaque des Titans). 

Luxendarc Shoukikou  → Luxendarc Daikikou